Aujourd'hui, il suffit d'un clic pour appliquer une reverb ou un écho grâce aux plugins ou aux chambres d'écho électroniques, mais comment faisait-on avant ?
Remontons brièvement au 17ème siècle, le compositeur devait alors prévoir la réverbération des lieux dans lesquels sa musique é"tait jouée : églises, cathédrales, opéra... La reverb était donc naturelle, mais non maitrisable une fois le bâtiment construit !
Mais quand la musique a commencé à être enregistrée, il est rapidement devenu compliqué d'oeuvrer dans de tels lieux, et chaque style de musique n'a pas les mêmes intentions en terme de reverb ou d'écho.
On peut toutefois penser à Stéphane Eicher avec son album Engelberg enregistré par Dominique Blanc-Francard (dont je ne peux que conseiller une fois de plus l'ouvrage It’s A Teenager Dream : itinéraire d’un ingénieur du son) dans un casino à la demande du chanteur afin d'obtenir une reverb naturelle d'une finesse très agréable aux oreilles.
Un challenge pas évident à gérer, raconté avec précision et humour par DBF dans son livre.
On passera sur les prémices qui impliquaient de jouer avec des bandes magnétiques savamment coupées / collées afin de créer un effet efficace qui a marqué la signature de la musique rock'n'roll des années 50 par exemple.
L'enregistrement de la musique classique, quant à lui, reste généralement fidèle aux lieux propices à la reverb et l'écho naturels des églises ou d'autres bâtiments similaires.
Les chambres d'écho (echo chambers) sont donc nées avec les studios d'enregistrement, à priori dans les années 1930, notamment aux studios d'Abbey Road :
Chambre d'écho des studios Abbey Road à Londres
(Source de l'image : CBSnews)
Le principe est très simple : on envoie le signal audio (la voix, la guitare, le mix...) dans la chambre d'écho via un haut-parleur haute-fidélité, et on place un ou plusieurs micros dans la chambre afin de ré-enregistrer la piste originelle avec la reverb de la pièce.
La distance haut-parleur / micro correspond plus ou moins au dosage wet / dry (littéralement mouillé / sec) des plugins actuels. Plus le micro est loin du HP, plus le son aura de l'effet, en toute logique.
On mixe ensuite la piste originale avec celle ré-enregistrée via la chambre pour obtenir l'effet désiré.
Chaque chambre d'écho a ses spécificités propres, tout comme une salle de bains (ou un WC) va tout de suite donner du corps à votre voix : une petite pièce couverte de carrelage va immédiatement appliquer une reverb importante et agréable.
La photo ci-dessus présente d'ailleurs un mur entièrement carrelé, ce n'est pas un hasard !
Gardons à l'esprit que quel que soit le(la) chanteur(se), aussi bon soit-il(elle), il y a toujours de la reverb sur la voix, sinon c'est triste et plat ! Et une reverb ne s'enlève pas (certains plugins récents tentent de proposer une solution mais ce n'est pas encore ça), il est donc préférable de capter la source propre et neutre et d'y appliquer ensuite les effets désirés, surtout en terme de reverb.
On notera aujourd'hui la profusion d'outils simples et qualitatifs à notre disposition, via les plugins et notamment les impulse responses (IR). Ces dernières correspondent tout simplement à un son sec enregistré dans un lieu particulier (qui va d'une montagne à une boîte en métal) et le plugin associé va faire sonner le son comme s'il provenait de l'endroit où a été capté l'IR.
Simple et férocement efficace, je ne peux que recommander son utilisation.
On retrouve aussi un plugin, distribué par Waves Audio, qui recrée la sonorité "naturelle" de la chambre d'échos du studio Abbey Road, et la pièce est complètement modulable et paramétrable pour donner un résultat assez bluffant :
Pour les anglophones, je recommande chaudement cet article de Reverb.com qui nous présente quelques chambres d'écho avec des morceaux qui y ont été enregistré :